*Chapitre 2. C’est l’histoire d’un apprivoisement.

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Après un accouchement aussi éprouvant, on pense un peu qu’on a fait le plus dur ! Quelle blague !
Dès la remontée de la salle d’accouchement, j’ai déchanté ! J’étais épuisée, j’avais l’impression d’avoir survécu à un accident de voiture, juste après avoir couru un marathon ! ^^’ Je perdais encore beaucoup de sang, il était 2h du matin. Je n’avais pas vraiment dormi depuis 48h, je venais de vivre un accouchement long et douloureux. Et j’ai été parachutée dans une chambre, seule car Benoît n’avait pas le droit de rester avec nous pour la nuit. Quelle aberration ! Je m’en rends compte maintenant. Comment peut-on laisser une jeune maman sans aide et sans soutien juste après ce qu’elle vient de vivre, dans le silence de la nuit ?

Ça a été compliqué, d’autant qu’Iris n’a pas été le genre de bébé qui dort pour se remettre de son arrivée fracassante parmi nous. Elle a débordé d’énergie dès l’instant où nous nous sommes retrouvées seules. J’étais sonnée, un peu perplexe devant ce petit être que je ne connaissais pas encore. J’avais eu beau imaginer ce moment pendant neuf mois, je n’en revenais pas, j’étais sous le choc.

Iris pleurait et refusait de rester dans son petit berceau, et moi j’étais complètement démunie. J’espérais tellement me reposer, ne serais-ce qu’une heure ou deux, pour me remettre de cette épreuve.
Je me souviens de la réponse de la puéricultrice. « Votre petite était bien au chaud, elle vous cherche pour retrouver ses repères, elle veut votre odeur, votre chaleur. » Alors, je l’ai prise sur moi, lui ai donné le sein une bonne partie de la nuit, et malgré les réticences extérieures, je l’ai gardée pour dormir. Après notre symbiose dedans, c’était le début de notre symbiose dehors.
Iris a dormi sur moi la nuit, en position foetale, pendant près de 3 mois. Et je pense que c’est la meilleure décision que j’ai prise.

Pas de nurserie, des visites aux seuls moments où bébé Iris se reposait. Je pense qu’il m’aurait fallu à peu près 48h de sommeil non stop pour m’en remettre. Au lieu de cela, je n’ai presque pas dormi pendant ces trois petits jours à la maternité. La fatigue s’est accumulée durant ce temps, laissant un boulevard au baby blues. L’allaitement foireux – le manque d’aide et d’information sur ce sujet qui en a certainement précipité la fin – la montée de lait la dernière nuit, les courbatures et la canicule.. Les lochies, ce nom bizarre que tu découvres bien trop tard, qui représente ce qui va te pourrir l’existence pendant de longues semaines.. Sans parler de cette impression d’être encore enceinte de 5 mois avec ce ventre pourtant vide et mou.

J’en suis sortie vidée de toute énergie. Et pourtant, c’est là que notre grande aventure commençait !

Je trouve qu’on nous prépare beaucoup à la grossesse, à l’accouchement, mais au fond très peu à l’après. Comme si tout devait couler de source, être instinctif, ou que c’était aux femmes de la famille de transmettre les secrets de ce fameux  « quatrième trimestre », et du rôle de mère ! Les mères que l’on rencontre disent qu’on oublie vite, qu’on garde le meilleur. Alors certes, les beaux souvenirs prennent le dessus, mais en ce qui me concerne, je n’oublie rien.

Le premier mois a été très compliqué. Ce baby blues, casi inévitable, me semblait plus fort que tout. Les points m’ont fait très mal pendant plusieurs semaines, et je n’arrivais pas à me remettre de cet accouchement. Honnêtement, j’ai même cru que je ne pourrais jamais m’en remettre. J’étais éreintée, à bout de souffle, et mon allaitement était catastrophique. J’avais l’impression de l’avoir au sein 24h/24, sans résultat. Iris a mis plus de 3 semaines pour dépasser de justesse son poids de naissance, on était très contrôlées. Je me sentais seule, et mes journées se résumaient à donner le sein dans mon lit, sans bouger, ma seule activité se résumant à une douche. Benoît m’a épaulé comme il a pû, mais a dû reprendre le travail très vite, ma famille était éloignée, bref, le tunnel a été long !
Je pleurais beaucoup, surtout le soir, je ne me sentais pas capable, je culpabilisais. Je me demandais comment je pouvais m’occuper d’un petit être si vulnérable alors que je n’arrivais pas à m’occuper de moi, à me relever.

Iris pleurait énormément le soir, souvent à partir de 23h, comme un souvenir de sa naissance. On nous a rappelé que ça n’avait pas été facile pour elle. Elle avait un gros besoin d’expulser tout le stress de cette expérience, et d’être rassurée. Elle refusait d’être posée, dormait très très peu, toujours sur le qui-vive. Très éveillée et tonique, elle ne nous a laissé aucun répit ; enchainant par la suite les fameux pics de croissance, puis les coliques ! :D

Et puis c’est fou, je ne me souviens pas de ce qui a changé. Qu’est ce qui a fait la différence ? Je n’en sais trop rien. Iris, mise en confiance, se sentant sécurisée, s’est apaisée, a commencé à moins pleurer et un peu plus dormir au fil des semaines. Et moi, j’ai eu l’impression de mieux respirer, de mieux (la) comprendre. J’ai pris confiance en moi, je lui ai fait confiance, et nous nous sommes habituées l’une à l’autre.

« Quatre trimestre pour faire un bébé. Trois dedans, et un dehors » ♥

Avec le recul, je ne regrette pas ces premières nuits éprouvantes, ce début d’allaitement chaotique. C’est dans ces moments difficiles, où je me suis totalement oubliée au profit de mon bébé, que notre relation s’est créée, que j’ai appris et compris mon rôle de mère. J’étais complètement dévouée à elle, je me suis évertuée à lui offrir toute la sécurité affective et à l’envelopper de douceur et d’amour. Aujourd’hui, elle a l’air tellement sereine. C’est un bébé qui ne pleure presque pas, toujours le sourire aux lèvres. Je ne sais pas si c’est lié, mais j’aurai tout fait pour en tout cas.
Je ne regrette pas. J’aurais juste aimé savoir.

C’est l’histoire d’un apprivoisement, au rôle de maman ♥

Une réflexion sur “*Chapitre 2. C’est l’histoire d’un apprivoisement.

  1. Magnifique article, plein de sincérité. C’est ce que nous devons faire, nous les mères, qui sommes passées par là. Comme tu l’as très justement dit, nous ne sommes pas préparées au post partum, il y a comme une injonction à se taire, on doit s’estimer heureuse d’avoir le bonheur d’enfanter, et ne surtout pas parler de nos souffrances. C’est extraordinaire de devenir mère, mais c’est aussi tant de doutes, de fatigue, d’apprentissage d’un nouveau rôle. Et quand on ne s’y attend pas, on se sent simplement pas à la hauteur. Alors n’hésitons plus à partager nos expériences et surtout à accepter de se faire aider. Merci pour ton partage Sarah

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